2) LA SANTE
a) LES PROGRES REALISES
Des avancées significatives ont été effectuées dans le sens d’une plus franche collaboration entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle d’une part et entre le secteur public et le secteur privé d’autre part.
D’autres avancées sont relatives à la couverture vaccinale (DTC3) entre 2001 et 2002 qui est passée de 43 à 63% (DSRP, P.29). De même, la poliomyélite est une maladie qui aujourd’hui est pratiquement neutralisée.
Enfin, le fait que 71% de la morbidité au Cameroun soit dû aux maladies pouvant être éradiquées est un espoir d’amélioration des conditions de vie en matière de santé.
TABLEAU : Evolution de quelques indicateurs de santé publique | ||||
Indicateurs de santé | 1991 | 1998 | Variation | 2001 |
Taux de mortalité infantile (pour 1000) | 65 | 77 | -12 | |
Taux de malnutrition chronique (%) | 23 | 29 | -6 | |
Taux d’insuffisance pondérale (%) | 16 | 22 | -16 | |
Taux de mortalité maternelle (pour 100.000 naissances vivantes) | 430 | 430 | 0 | |
Taux d’accouchement assisté (%) | 63,8 | 58,2 | ||
Couverture vaccinale (DTC3 en %) | 34 | 48 | +14 | 43 |
Taux d’utilisation des services publics de santé (%) | 30 | |||
Taux de prévalence du VIH/SIDA (%) | 2 | 7,2 | -5,2 | 11,8 |
Source : MINEPAT/DSCN : EDS 1991 et 1998 ; Stratégie sectorielle de santé |
b) LES STRATEGIES MISES EN ŒUVRE
Le taux de mortalité infantile est passé de 65 à 77% (pour 1.000) entre 1991 – 1998 ; le taux de malnutrition chronique pour les enfants de 12 à 23 mois a progressé de 23 à 29% ; le taux d’accouchement assisté par un personnel qualifié a régressé de 63,8 à 58,2%. Le taux de prévalence du VIH/SIDA a progressé de 2 à 11,8 % pour la population de 15 à 49 ans entre 1991 et 2001.
TABLEAU : Situation des indicateurs de l’offre des services | |
Médecin/10.000 | 1 |
Infirmier/3.000 | 1,3 |
Lit/1.000 | 1,3 |
Centre de santé/10.000 | 1,2 |
Pharmacie/100.000 | 1,6 |
Source : EDS 1991 et 1992 ; Stratégie sectorielle de santé |
S’agissant du financement public de la santé pour l’année 2002, les besoins du secteur étaient estimés à 320 milliards de Francs CFA, soit 5% du PIB, alors que le budget alloué pour ce secteur représentait seulement 1,1% du PIB. Il s’en suit que les ménages assument le plus grand poids des dépenses de santé (76% du financement total) contre 18,5% pour l’Etat et 5,5% pour les financements extérieurs.
Dans ce contexte, la santé des pauvres est davantage exposée comme l’illustre le tableau suivant :
TABLEAU : Taux de consultations et d’immunisation et dépenses de santé | ||||||
1996 | 2001 | |||||
Urb | Rur | Ens | Urb | Rur | Ens | |
Taux de consultation dans les structures formelles (%) | ||||||
Pauvres | 72,2 | 65,0 | 67,8 | 74,0 | 69,0 | 70,0 |
Non pauvres | 87,5 | 86,2 | 87,0 | 83,8 | 75,3 | 79,1 |
Ensemble | 82,6 | 75,6 | 79,2 | 81,7 | 72,2 | 75,5 |
Taux de consultation dans les structures informelles (%) | ||||||
Pauvres | 28,0 | 35,0 | 32,2 | 25,9 | 31 | 30,0 |
Non pauvres | 12,5 | 13,8 | 13,0 | 16,2 | 24,7 | 20,9 |
Ensemble | 17,4 | 24,4 | 20,8 | 18,3 | 27,8 | 24,5 |
Taux d’immunisation des enfants de 12 à 23 mois (%) | ||||||
Pauvres | 68,1 | 66,9 | 67,2 | 53,1 | 46,5 | 47,1 |
Non pauvres | 89,5 | 27,2 | 57,9 | 70,2 | 54,5 | 61,2 |
Ensemble | 80,3 | 53,4 | 63,3 | 67,0 | 50,3 | 55,3 |
Dépenses moyennes de santé en francs CFA | ||||||
Pauvres | 7342 | 5562 | 6044 | 8934 | 6671 | 6937 |
Non pauvres | 26035 | 15130 | 19903 | 45687 | 19825 | 32178 |
Ensemble | 18301 | 9423 | 12521 | 39116 | 12922 | 22036 |
Part des dépenses de santé (%) | ||||||
Pauvres | 6,8 | 7,5 | 7,3 | 6,5 | 8,6 | 8,5 |
Non pauvres | 6,6 | 8,2 | 7,2 | 6,2 | 6,7 | 6,5 |
Ensemble | 6,6 | 8,0 | 7,2 | 6,2 | 7,9 | 7,6 |
Distance moyenne à parcourir pour atteindre un centre de santé (km) | ||||||
Pauvres | 1,32 | 5,74 | 5,12 | |||
Non pauvres | 1,10 | 4,96 | 3,31 | |||
Ensemble | 1,13 | 5,26 | 3,86 | |||
Source : DSCN : Rapports ECAM I et II |
La distance moyenne pour atteindre un centre de santé est de 3,86 Km et 98,9% de personnes parcourent plus de 6 Km pour atteindre une formation sanitaire en milieu rural. A cela s’ajoute le coût moyen des services de base qui a triplé en 5 ans (il est passé de 13.000 FCFA à 22.000 FCFA).
Lorsqu’on regarde au profil épidémiologique au Cameroun, on se rend compte que le paludisme est responsable d’une consultation médicale sur deux (40 à 50%), presque 1 décès sur 2 (40%) pour les enfants de moins de 5 ans. Il est aussi responsable de 23 % des hospitalisations, et consomme près de la moitié du budget annuel de la santé des ménages (40%). On note également dans ce registre, la recrudescence des maladies telles que la tuberculose (22.000 cas nouveaux en moyenne chaque année) due en partie à la progression de l’incidence du VIH/SIDA (30% de personnes atteintes de tuberculose sont séropositives). Le taux de prévalence du SIDA a augmenté de 0,5% en 1987 à 2% en 1992 et 11,8% en 2002 et le Cameroun est au 11ème rang des pays les plus touchés par cette pandémie, quel triste record.
L’OMS avait adopté l’objectif de la « Santé pour tous en l’an 2000 » lors de la conférence d’Alma Ata. Mais cet objectif est resté un slogan. Pire, le SIDA et la pauvreté ont aggravé la situation. Dans son programme de redynamisation et de réorientation des soins de santé primaire, la politique de santé au Cameroun privilégie le rapprochement de l’individu à son centre de santé en créant les districts de santé. Les districts bénéficient d’une autonomie de financement et disposent de produits pharmaceutiques essentiels. Devant l’échec de la gratuité des soins de santé, l’Etat a mis en œuvre des stratégies visant à assurer aux populations des soins de qualité aux coûts accessibles. Les stratégies sont : le co-financement qui est la participation des populations à la prise en charge de leur santé par le paiement des prestations médicales d’une part et par la participation de l’Etat qui construit les bâtiments de santé, achète le matériel médical et forme le personnel de santé d’autre part.
La seconde stratégie fut de faire financer les soins de santé primaire par la vente des médicaments génériques. Mais elle se solda par un échec.
Ensuite des réformes visant divers domaines furent entreprises : maîtrise de la distribution des médicaments, intensification de la lutte contre les différentes endémies et épidémies, accroissement des effectifs du personnel soignant, restructuration par l’Etat des services centraux de la santé.
Que valent cependant les politiques si elles ne sont pas mises en œuvre ?