PRIER POUR LA POLITIQUE SOCIALE DU CAMEROUN

LA SITUATION SOCIALE

Le grave endettement du Cameroun, son instabilité économique, les plans d’ajustement structurels avec leurs effets pervers ont favorisé le passage de cet Etat qui proclamait avec fierté son autosuffisance alimentaire vers un Etat pauvre très endetté.

Dans cette situation de pauvreté, les services sociaux ne sont pas d’un grand secours aux populations désœuvrées.

Les causes de l’inefficacité des services sociaux

En fait, trois raisons expliquent l’inefficacité des services sociaux :

• Une poussée démographique non accompagnée de l’augmentation des budgets sociaux

En premier lieu, il y a la situation démographique. Le comportement pro-nataliste des politiques démographiques camerounaises est l’une des causes de détérioration des conditions de vie des familles et surtout des femmes. La population camerounaise pour l’année 2000 est estimée à près de 15.292.000 habitants. C’est une population essentiellement jeune. Les personnes dont l’âge est inférieur à 14 ans représentent 43,7% de la population totale. Ceux qui sont entre 15 et 24 ans représentent 20,5% ; ceux entre 25 et 64 ans : 32,5% et les personnes âgées de 65 ans et plus 3,26%. Selon les prévisions, en 2005 on obtiendra 18 millions d’habitants et en 2020, 25 millions. Lors du dernier recensement de la population en 1987, l’âge moyen était de 22 ans et l’espérance de vie à la naissance de 56,2 ans pour les femmes contre 52,4 ans pour les hommes. La pyramide des âges montre que 56 % des enfants de moins de 15 ans sont concentrés dans les zones rurales. L’importance de la population de moins de 5 ans (2,3 millions d’enfants, soit 18% de la population) suscite des interrogations quant à la capacité des structures existantes à faire face à cette demande potentielle.

Déjà en 1995, il y avait 6,6 millions de chômeurs ou de demandeurs d’emplois et la densité du peuplement était de 28 habitants au km². Les densités les plus élevées étant celles de l’Ouest (113 habitants/km²), du Littoral  (89 habitants/km²) et les moins élevées, le Sud (7habitants/km²) et l’Est (6habitants/km²). La population camerounaise croît à un rythme de 2,89% par an et en 2005 la proportion des femmes en âge de travailler devrait passer à 54,3%.

Devant l’insuffisance des ressources ou leur mauvaise distribution, la poussée démographique est facteur d’accroissement de la pauvreté. L’accroissement démographique non accompagné d’une augmentation du budget dévolu au social ne peut qu’avoir un impact négatif sur ce dernier. C’est ainsi que 4,4 millions d’enfants seront âgés de 6 à 14 ans en 2005. La demande d’éducation sera plus forte que l’offre. Un impact dans le secteur de la santé est perceptible. On peut craindre l’accroissement du taux de morbidité, de mortalité, et l’analphabétisme. Le secteur de l’emploi est aussi principalement affecté. En 2000, 64% de la population était âgé de moins de 25 ans. On peut prévoir l’appauvrissement accru de certaines couches de population notamment celles qui ne trouveront pas d’emploi.

De plus, le fait que les ménages ne parviennent plus à subvenir à tous les besoins entraîne un accroissement du nombre d’enfants au travail.

Au total, la pauvreté au Cameroun se déduit de l’accroissement démographique non accompagné de l’augmentation de budget dévolu aux services sociaux. Mais ce n’est pas l’unique raison. Il faut ajouter comme cause à l’échec des politiques sociales camerounaises, la faillite de la classe politique et de la société civile.

• La faillite de la classe politique

La classe politique qui ne se réveille qu’à l’orée des échéances électorales s’illustre par sa non préoccupation du social. Les partis politiques, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, n’ont ni idéologie, ni programmes politiques et encore moins des projets de société.

• L’échec de la société civile

La société civile pour sa part est d’abord une société de survie parce que ses promoteurs luttent contre leur propre pauvreté. Les ONG sont devenues une nouvelle source d’enrichissement. C’est aussi une société inorganisée, ce qui l’empêche de jouer son rôle de contre-poids du pouvoir.