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UN PASSE DOULOUREUX ET MARQUE PAR LES DOMINATIONS ETRANGERES

carte du camerounLe Cameroun est une création des étrangers. De prime abord, c’est une terre d’occupation et de convoitise. C’est en 1472 qu’il fut formellement découvert par le Navigateur portugais Fernando Poo qui arriva à connaître d’abord l’île de Fernando Poo. Cependant, il y aurait de cela 2.400 ans que le Carthaginois Hannon serait arrivé jusque-là. Au cours de son périple de voyageur il écrit :

« Nous longeâmes une côte embrasée, pleine de parfums. Des ruisseaux de flammes en sortaient et venaient se jeter dans la mer. La terre était inaccessible à cause de la chaleur. Pendant quatre jours de navigation, nous vîmes, la nuit, la terre couverte de flammes. Au milieu était un feu élevé, plus grand que les autres, et qui paraissait toucher les astres. Mais le jour, on reconnaissait que c’était une très grande montagne appelée «Théon Ochéma» : Le support ou le char des dieux. Les habitants du pays l’appellent  le «Moungo ma loba» : La Montagne du ciel ou Montagne de Dieu. »

Le pays attire la curiosité des étrangers par son aspect particulier à la fois étrange et mystérieux. Depuis longtemps les habitants et même les nouveaux venus dans ce lieu ont eu l’idée de la présence d’un être supérieur aux hommes.

Les Portugais à leur arrivée furent frappés par un phénomène extraordinaire : la descente dans l’estuaire (du wouri) d’une quantité  prodigieuse de crustacés de couleur blanchâtre semblables à des écrevisses. Les Douala, habitants de ce lieu les appellent les «Mbeatoe». Ce phénomène se produit encore tous les trois ans environ, les «Mbeatoe» descendent des rivières vers la mer. Les indigènes font une pêche abondante et leur passage, qui ne dure que deux jours tout au plus, est l’occasion de réjouissances pour tout le monde.

A partir de ce qu’ils avaient vu dans la rivière, les Portugais lui donnèrent le nom de «Rio dos Cameroes» c’est-à-dire rivière de crevettes et c’est de ce nom que fut tiré le nom Kamerun donné par les Allemands et plus tard Cameroun  et Cameroon par les Français et les Anglais. Comme le montre son histoire, le Cameroun n’est pas une unité naturelle. Il est une fabrication étrangère : ses institutions, ses limites, ses dirigeants, ses cartes etc… qui existent aujourd’hui ont été tissés par les étrangers. Ainsi, dans sa délimitation par exemple, des peuples ont été exclus et d’autres intégrés de part et d’autre. Ce qui lui donne l’allure d’une véritable «Afrique en miniature» ayant une diversité culturelle (peuple, ethnies, langues) et géographique (relief, climat). Le pays tel qu’il se présente aujourd’hui porte en lui des marques qui témoignent de ses origines étrangères multiples (à l’exemple des langues officielles, des textes de loi et du système éducatif).

Tout comme la quasi-totalité des pays africains, le Cameroun a dans son passé connu de grands événements qui l’influencent jusqu’à nos jours : il s’agit de l’esclavage, de la traite négrière et de la colonisation.

A- LA TRAITE NEGRIERE

La traite négrière fut le commerce des Noirs. Les Européens faisaient capturer les Noirs par d’autres pour les vendre afin qu’ils soient utilisés pour leur développement en Europe et en Amérique. On se souvient qu’ils étaient exposés dans des marchés, des comptoirs et vendus comme des marchandises aux riches planteurs et autres commerçants intéressés. Cet odieux trafic s’est effectué pendant plusieurs dizaines de siècles et l’Afrique toute entière en a été profondément affectée.

Le Cameroun participa aussi à la traite, même si l’on note le fait que le commerce des Noirs ne fut pas très florissant sur les lieux à cause de la crainte des courants violents qui se déversaient dans le repli de la côte.. D’autre part, les Camerounais n’étaient pas des éléments appréciés des marchands d’exclaves, parce qu’extrêmement jaloux de leur liberté, ils préféraient se donner eux-mêmes la mort pour se soustraire, et leur descendance avec,  aux bestialités connues des maîtres d’esclaves.

L’esclavage a trouvé un terrain favorable dans les rivalités tribales et la cupidité des chefs traditionnels. Ainsi, les intermédiaires vendaient les Noirs qui n’étaient pas de leur tribu, et contribuaient à la destruction de leur race. Les chefs ont aussi compromis leur rôle de leaders en devenant les principaux commerçants d’esclaves et en permettant des abominations. En cas de décès d’un roi par exemple, les razzias s’organisaient pour pouvoir disposer du sang humain destiné à asperger la tombe du défunt.

C – LA COLONISATION

 

La colonisation fut une autre rencontre destructurante. L’historien Fabien Kangue Ewané la décrit comme «un phénomène essentiellement historico-sociologique dont on n’aime pas beaucoup parler, mais dont les effets ont tissé et animent la trame de toute notre existence actuelle». Il note de prime abord que le groupe de pays dits sous-développés (ou pays pauvres très endettés) renferme principalement des territoires qui ont été soit des colonies soit sous mandat.

La fin de la traite négrière fut un prélude à la colonisation. L’Afrique s’est à nouveau retrouvée sous l’autorité des étrangers ayant  traversé des océans à la recherche des richesses de toutes natures.

De nos jours, l’on retient que le Cameroun a subi l’influence de trois pays : l’Allemagne, l’Angleterre et la France. Ceux-ci se sont à tour de rôle appropriés le Cameroun et l’ont exploité. Ils se sont servis des peuples de ce pays pour se développer. A leur départ, les colonisateurs ont laissé des structures, des habitudes et des mentalités qui constituent aujourd’hui le « fardeau du néocolonisé ». Comme le dit Kangue Ewané, « les colonisés indépendants sont viscéralement préoccupés de se guérir de toutes les frustrations accumulées pendant la période coloniale. Ces frustrations sont à la fois socio-politiques, socio-économiques et socio-culturelles».

1) L’OCCUPATION ALLEMANDE

Une institution peut être comprise comme un ensemble de règles, de droits relatifs à un même objet et aux mêmes fonctions qui constituent un tout coordonné.

Pour ce qui est du Cameroun, l’évolution institutionnelle est largement tributaire des institutions internationales, autrement dit celles-ci ont largement influencé les institutions naissantes du Cameroun. Ainsi trois dates ou périodes vont marquer des tournants décisifs dans l’évolution institutionnelle du Cameroun : 1884, 1916-1925, 1945.

12 juillet 1884 : traité germano-douala

Pour comprendre la mise en place par les Allemands des institutions tant politiques qu’administratives du Cameroun, il est capital de saisir l’esprit qui a conduit la politique coloniale allemande.

a)  LES ANTECEDENTS DU TRAITE GERMANO-DOUALA

Entre 1871 et 1880, fort de sa victoire sur la France, le Chancelier Allemand OTTO VON BISMARCK laisse entrevoir une politique anticoloniale; il est plutôt préoccupé par l’unité allemande, mais cet «anticolonialisme» de Bismarck va s’écrouler face au poids politique des commerçants allemands à l’instar de WOERMAN, THORMÄHLEN et JANTZEN qui fusionnent en 1875. Ces firmes sont victimes de la concurrence que leur livrent les firmes anglaises et françaises, ce qui les pousse à rechercher l’appui officiel de la mère patrie. Les chambres de commerce de Hambourg et de Brème sous l’invitation du chancelier  Bismarck font des propositions précises pour le développement du commerce allemand hors d’Europe.

En Afrique Centrale la politique de Bismarck est une politique d’occupation  du terrain. Une mission est confiée à Nachtigal de négocier avec les chefs indigènes. Ce qui va conduire à la conclusion du traité germano-Douala.

Mais avant ce traité, les chefs Douala avaient déjà conclu 11 traités dont les principaux sont :

  1. Contrat anglo-douala du 10 juin 1840 : signé par BELL et AKWA ;
  2. Traité anglo-douala du 07 mai 1841 : signé par BELL et AKWA, (chefs de la rive gauche du wouri) et WILLIAM SIMPSON BLOUERF côté anglais ;
  3. Traité du 29 avril 1852 ;
  4. Loi du 14 janvier 1885 et traité créant la cour d’équité.

En effet, en 1884 il règne à Douala des tensions vives au sein des chefferies indigènes. Des rivalités de personnes et de clans conduisent certains chefs Douala à faire appel à une puissance extérieure pour en faire une alliée ou du moins un arbitre ; et après 3 lettres adressées à la Reine d’Angleterre sans aucune suite, les chefs Douala se jettent dans les bras des Allemands, et cela malgré eux.

b) LES INSTITUTIONS POLITICO-ADMINISTRATIVES

  • Les Gouverneurs : 6 Gouverneurs ont dirigé le Cameroun sous domination allemande :

Julius Von Soden (1885 – 1891);

Engen Von Zimmerman (1891 – 1895);

Jesko Von PuttKammer (1895 – 1907);

Trodor Seitz (1907- 1912);

Otto Glein (1910 – 1912) ;

Karl Ebermaier (1912 – 1915).

  • Le Conseil du gouvernement

c)  L’ŒUVRE SOCIALE ALLEMANDE AU CAMEROUN

  • Construction de la voie ferrée ;
  • Création des grandes plantations ;
  • Construction des hôpitaux et centres de santé ;
  • Organisation du travail indigène.

Il faut rappeler que le bonheur de l’indigène n’était pas au centre de cette œuvre, mais plutôt l’intérêt des Allemands.

Les institutions judiciaires

Deux sortes de tribunaux  :

– un tribunal pour Blancs avec une cour d’appel au Togo

pour les Allemands au Cameroun

– un tribunal pour indigènes.

Le bilan de la politique coloniale allemande apparaît positif : les bases institutionnelles et une infrastructure économique solide auxquelles on peut ajouter un service postal (1887) :

  • 1893 un câble télégraphique relie le Cameroun à l’Allemagne ;
  • 1898 le téléphone entre Buéa et Victoria ;
  • 1908 un journal officiel Amtoklaff.

1919 – 1922

 

En février 1916, les Allemands quittent définitivement le Cameroun et laissent la place aux Franco-britanniques. Cette période sera essentiellement une période d’incertitude : le passage du Cameroun allemand au Cameroun sous-mandat.

d) LE TRANSFERT DU CAMEROUN

 

Conquis depuis février 1916, le Cameroun fait l’objet de négociations secrètes entre l’Angleterre et la France. Il s’agit de savoir comment partager et administrer l’ancienne colonie allemande avant la fin de la guerre. Douala fait l’objet de toutes les convoitises. Mais la Grande-Bretagne aura le quart de Douala et la France les trois quarts. La préoccupation des nouveaux maîtres est d’effacer les traces allemandes :

  • La suppression par les Français des zones d’influence religieuses instaurées par l’Allemagne ;
  • La séquestration des biens laissés par les missionnaires allemands catholiques et protestants et le développement de l’enseignement public au détriment de l’enseignement confessionnel.

 

Le Cameroun sous-mandat

 

Il existe 3 sortes de mandats :

  • Mandat «A» ancien empire ottoman (moyen-orient),
  • Mandat «B» Afrique Centrale et Orientale,
  • Mandat «C» Sud-Ouest africain et les îles du Pacifique austral.

 

Le Cameroun fait partie du mandat  «B».

 

Du côté britannique, le Cameroun occidental est rattaché au Nigéria.

 

Dans le système de l’«indirect rule», l’administration britannique conférait une partie du pouvoir aux chefs locaux. Par contre, du côté français où était pratiqué le système de l’administration directe, les chefs locaux n’avaient pas de pouvoir de décision. Ils étaient de simples exécutants ou des courroies de transmission : c’est l’administration directe avec assimilation des peuples à la culture française.

 

2)  L’OCCUPATION FRANCAISE ET ANGLAISE

 

a) LES EGLISES ET L’ETAT SOUS LE REGIME DU MANDAT

 

L’église est une institution très influente pendant l’époque allemande. Le pays est même divisé en zones d’influence religieuse et le secteur de l’enseignement est essentiellement tenu par le clergé.

Du côté britannique, les choses restent intactes, pas de changement avec la politique allemande, mais en revanche du côté français, la laïcité de l’Etat est appliquée. Ce qui va se traduire par de vastes modifications dans la vie des institutions laissées par les Allemands.

  • séquestration des biens laissés par les missionnaires allemands;
  • modification du système scolaire avec conquête progressive de l’école publique sur la quasi-totalité de l’enseignement confessionnel.

 

Cette politique française sera à l’origine des prises de positions nationalistes de certains leaders protestants, comme Lotin à Samé. Ce dernier et ses partisans feront les frais de la dure expérience de la répression.

 

b) LE CAMEROUN SOUS REGIME DE TUTELLE

 

Au Cameroun : la France signe les accords de tutelle sur le Cameroun le 13 décembre 1946, le jour même où ce texte est approuvé par l’Assemblée Générale de l’ONU.

 

L’autorité tutrice assure les mêmes obligations que sous le régime des mandats.

 

A la veille de l’indépendance :

  • En 1947 l’Assemblée Représentative du Cameroun (ARCAM) est créée. C’est une assemblée administrative chargée de la gestion des intérêts propres au territoire. Cependant en sont exclus les questions directement politiques (organisation des pouvoirs publics, choix du régime politique). La représentativité des Camerounais est discriminatoire « pour les 3 millions de Camerounais, il y a 24 sièges. Les 3000 Européens dont 2000 Français, disposeront de 16 sièges et il y aura deux collègues distincts aux élections.»

Sous la pression de l’assemblée générale de l’ONU au travers de son conseil de tutelle sur le Cameroun, et grâce aux pressions des Camerounais qui envoyèrent des pétitions à l’ONU, l’ARCAM se transformera en ATCAM (Assemblée Territoriale du Cameroun). Celle-ci est une évolution car on y note d’une part l’accroissement du nombre d’électeurs et de Camerounais élus, et d’autre part l’élargissement des pouvoirs de cette assemblée législative dotée de plus de pouvoirs et notamment le vote du budget

 

Remarques : le Cameroun n’a jamais été statutairement une colonie britannique ou une colonie française. Cependant, ces deux puissances tutrices ont administré le Cameroun comme leur propriété coloniale.

 

La deuxième guerre mondiale et la conférence de Brazzaville

 

Pendant toute la période du mandat, la France en tant que puissance mandataire doit faire face à deux exigences contradictoires :

  • Respecter la situation spécifique du Cameroun définie par les textes de 1922 ;
  • Céder à la tentation d’intégrer le Cameroun dans l’AEF (l’Afrique Equatoriale Française).

La 2ème guerre mondiale vient accentuer cette tentation, ce qui entraîne la conférence de Brazzaville.

 

Pourquoi la conférence de Brazzaville ?

  • L’anticolonialisme américain ;
  • La position impériale française ;
  • Les positions gaulliennes : pas de statut de grande puissance sans empire colonial.

Préparatifs

  • Rallier le Cameroun au Général de Gaulle ;
  • Le débarquement à Douala du Colonel Leclerc et du Général De Gaulle ;
  • L’effort du pays pour se suffire économiquement ;
  • La mise en veilleuse de l’acte constitutif du mandat.

 

Déroulement de la conférence

     (30 janvier – 8 février 1944)

La nouveauté réside ici dans le fait que De Gaulle entend faire participer plus pleinement à la vie économique et politique les indigènes des colonies et rapprocher les Noirs de la civilisation française en vue de préparer un ensemble franco-africain bien soudé.

Conséquence de la conférence sur le Cameroun

 

  • le réveil du nationalisme camerounais ;
  • fin de l’indigénat et naissance du syndicalisme ;
  • la marche vers l’Union Française.

L’évolution politique du Cameroun à partir de 1945

Le Cameroun oriental

L’Union française est née à la suite de la conférence de Brazzaville de 1944. Elle est formée de la France et de ses possessions d’outre-mer. Ces possessions comprennent :

  • Des Etats associés (Indochine, Annam, Cochinchine, etc.) ;
  • Les territoires d’outre-mer (les anciennes colonies qui font partie intégrante de la République Française) ;
  • Les territoires associés (Togo, Cameroun).

Les Camerounais sont des citoyens de l’Union française ayant conservé leur statut personnel. Ils n’ont pas la nationalité française mais jouissent de tous les droits et libertés proclamés dans le préambule de la constitution française.

Territoire associé de l’Union française, le Cameroun est administré comme partie intégrante de cette Union. Les lois applicables sont faites par l’Assemblée nationale française à Paris. Le pays y est représenté par quatre députés. Les deux premiers députés sont le Dr Aujoulat et le Prince Douala Manga Bell (1945). Il est représenté à l’Assemblée de l’Union Française par cinq conseillers dont Monsieur Ahmadou Ahidjo ; au conseil de la République par trois membres ; au conseil Economique par un membre. A partir de 1946, le Cameroun est dirigé par un Haut-commissaire de la République française. Il représente le gouvernement français et relève du Ministre de la France d’outre-mer. Le pays cessera d’être membre de l’Union française en 1957, quand il deviendra un Etat sous-tutelle.

Les assemblées locales

Le Cameroun est doté d’assemblées locales chargées de gérer ses intérêts propres :

  • L’Assemblée Représentative du Cameroun (ARCAM) instituée par décret du 25 octobre 1946. Elle comprend 40 membres dont 16 Français et 24 Cette Assemblée vote le budget et délibère sur les projets qui lui sont soumis par le Haut-commissaire.
  • L’Assemblée Territoriale du Cameroun (ATCAM). L’ARCAM est remplacée en 1952 par une Assemblée territoriale (ATCAM). Elle comprend 50 membres dont 32 nationaux et 18 Français. L’ATCAM a des pouvoirs plus étendus qui intéressent les domaines financier, économique, social et administratif.

Cette assemblée est dissoute le 8 novembre 1956 pour faire place à une autre qui doit étudier un projet de statut du Cameroun préparé par le gouvernement français.

  • L’Assemblée Législative du Cameroun (ALCAM)

La mission de l’Assemblée Territoriale est terminée. Au lieu d’être dissoute, elle devient le 09 mai 1957 la première Assemblée Législative du Cameroun (ALCAM). Le 10 mai 1957, l’ALCAM se réunit pour investir le Premier Ministre désigné, Monsieur André Marie Mbida. Le 10 mai devient jour de fête nationale. C’est l’ALCAM qui, avec Monsieur Ahidjo comme Premier Ministre, opte le 22 juin 1958 pour l’autonomie interne complète qui sera accordée le 1er janvier 1959. C’est elle qui demande le 24 octobre 1958 l’indépendance pour le 1er janvier 1960.

Les partis politiques

La vie politique fait naître au Cameroun un grand nombre de partis politiques. Tous réclament l’indépendance et la réunification, mais ne s’entendent pas sur les moyens et la procédure à suivre : Indépendance immédiate ou par étapes ; association ou non avec la France. Les principaux partis qu’a connu le Cameroun de 1945 à 1959 sont :

  • L’Union des Populations du Cameroun (U.P.C) fondée le 10 avril 1948. Au départ, elle est une section locale du Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A). Elle est dirigée par un bureau politique et demande l’indépendance immédiate et la réunification des deux Cameroun. Pour atteindre ses objectifs, elle n’hésite pas à déclencher une campagne de violence dans le pays. Un maquis se forme en pays Bassa et Bamiléké ; le sang coule. Les troubles ainsi provoqués dureront jusqu’après l’indépendance;
  • L’Evolution Sociale Camerounaise (ESOCAM) fondée en 1949 pour s’opposer à l’UPC ;
  • Le Bloc Démocratique Camerounais (B.D.C) fondé le 28 novembre 1951. Son leader est le Docteur Aujoulat. Son influence s’étend surtout dans les régions du centre et les milieux urbains de Yaoundé, Douala, Ebolowa ;
  • L’Union Sociale Camerounaise (U.S.C) née en 1953, son promoteur est Monsieur Okala ;
  • L’Union Camerounaise (UC) fondée en 1958 par Monsieur Ahidjo avec quelques élus du Nord. L’UC prêche l’union et l’unité nationale.
Au Cameroun occidental

L’évolution politique du Cameroun sous tutelle britannique n’a pas connu le même développement qu’au Cameroun sous tutelle français. Celui sous tutelle britannique est rattaché administrativement à la région autonome de l’Est du Nigéria. Il est représenté par dix délégués au Conseil législatif de cette région. En 1954, il devient l’une des régions autonomes du Nigéria divisé en deux provinces : le Cameroun Septentrional et le Cameroun Méridional. Ce n’est qu’à partir de 1959 et jusqu’au 1er octobre 1961 qu’il est administré directement par la Grande-Bretagne.

D – LE CAMEROUN INDEPENDANT

1) L’INDEPENDANCE DU CAMEROUN

a) L’AUTONOMIE INTERNE

L’Assemblée Territoriale du Cameroun issue des élections du 23 décembre 1956 se réunit du 28 janvier  au 22 février 1957 avec pour mission de donner un nouveau statut au Cameroun. Elle est présidée par Monsieur Ahmadou Ahidjo. Un décret du 16 avril 1957 accorde l’autonomie interne. Un Gouvernement camerounais est créé. Le Premier Ministre nommé par le Haut-Commissaire est investi par l’Assemblée. La citoyenneté camerounaise est reconnue. Le Cameroun choisit un drapeau (vert-rouge-jaune), un hymne national (O Cameroun berceau de nos ancêtres…), une devise (Paix – Travail – Patrie). Le Haut-Commissaire reste le chef de l’Etat sous-tutelle. Il est responsable de la défense, des relations avec la France et l’extérieur. Monsieur André-Marie Mbida, appelé à former le Premier gouvernement est investi le 10 mai 1957 par l’Assemblée législative. Monsieur Ahmadou Ahidjo, Président de l’Assemblée devient Vice-Premier Ministre.

En février 1958, le Haut-Commissaire Ramadier entre en conflit avec le Premier Ministre Mbida. Ce dernier à la suite d’une motion (de censure) de l’Assemblée législative votée le 13 février, doit démissionner. Monsieur Ahidjo lui succède comme Premier Ministre. Le 18 février 1958, il forme un nouveau gouvernement. Son programme demande une autonomie interne totale, la fixation de la date de l’indépendance et de la réunification et enfin la coopération avec la France.

 

L’Assemblée Législative de son côté continue ses travaux. Le 12 juin 1958, elle opte pour l’autonomie interne complète, demande l’indépendance pour le 1er janvier 1960 et la réunification. Par l’ordonnance du 30 décembre 1958, le gouvernement français accorde l’autonomie interne complète au Cameroun, dernière étape de l’évolution des institutions avant la levée de la tutelle.

b) LA PROCLAMATION DE L’INDEPENDANCE

Le 30 octobre 1959, l’Assemblée désigne ses membres qui siégeront au comité chargé de préparer la constitution du Cameroun indépendant. Le 1er Janvier 1960, à 0 heure, cent un coups de canon sont tirés pour saluer l’indépendance du Cameroun.

Présents à cette proclamation : le Secrétaire général de l’ONU, Monsieur Dang Hammarskjöld, le représentant de la France, Monsieur Jacquinot, des délégations de plus de soixante pays, le Premier Ministre Monsieur Ahmadou Ahidjo.

2 – LA REUNIFICATION DES DEUX CAMEROUN

L’Etat sous-tutelle du Cameroun devenu indépendant prend le nom de République du Cameroun. La constitution du nouvel Etat élaborée par un comité  consultatif est adoptée par référendum le 21 février 1960. Elle prévoit un régime présidentiel avec une Assemblée Nationale et un Premier Ministre. Les élections pour la nouvelle Assemblée ont lieu le 10 avril 1960. Elles voient la victoire du parti de Monsieur Ahidjo, l’Union Camerounaise qui emporte la majorité des sièges. L’Assemblée nationale comprend cent députés dont une femme. Le 05 mai 1960, Monsieur Ahmadou Ahidjo est élu à l’unanimité, Premier Président de la République. Il charge Monsieur Charles Assalé de former le Premier gouvernement du Cameroun indépendant. Des institutions sont aussitôt mises en place, permettant au Cameroun de vivre son indépendance : Conseil Economique et Social, Ecole Camerounaise d’Administration, Ecole Militaire Inter-Armes. Des ambassadeurs du Cameroun entrent à l’ONU le 20 septembre 1960 et participent aux conférences africaines.

Pendant ce temps, la zone Occidentale du Cameroun reste sous-tutelle anglaise. Elle comprend deux parties : le Cameroun Septentrional (Northern Cameroon) et le Cameroun Méridional (Southern Cameroon).

a)      LE «NORTHERN CAMEROON»

Territoire de près de 44000 km² et de 687100 habitants, rattaché à la province Nord du Nigeria, administré comme partie intégrante de la fédération nigériane, il compte huit membres au Conseil fédéral de Lagos. Les dirigeants avaient toujours manifesté leur volonté de voir le Cameroun septentrional rattaché au Nigeria. Tel fut leur position à l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1959. Mais la masse ne pensait pas comme eux. Aussi, l’ONU a-t-elle demandé un premier plébiscite le 07 novembre 1959 et la majorité s’est prononcée contre le rattachement.

b) LE «SOUTHERN CAMEROON»

Le pays mesure 42000 km² avec 753000 habitants. Province assez riche surtout avec l’agriculture, par exemple la «Cameroon Development Corporation» (C.D.C).

Au point de vue politique, le pays fut d’abord rattaché à la province méridionale du Nigéria, puis à la province orientale. Par la suite, il fut divisé en deux régions avec les chefs-lieux Bamenda au Nord et Buéa au Sud. En 1945 le Cameroun méridional devient une région autonome, ayant une Assemblée de vingt-cinq membres. A partir de 1957, il prend le nom de Southern Cameroon. Il a son gouvernement, son Assemblée, son conseil de chefs. Le Premier gouvernement présidé par le Dr Endeley est mis en place le 15 mai 1958. Il est remplacé plus tard  par le gouvernement présidé par Monsieur Foncha, favorable à la réunification. Les partis politiques les plus actifs sont : Le Kamerun National Congress (KNC) du Pr Endeley, partisan de l’annexion du Cameroun par le Nigeria. Le Kamerun People’s Party (KPP), le Kamerun National Democratic Party (KNDP ) de Monsieur Foncha qui milita avec succès pour la réunification, le One Kamerun Party de Monsieur Mtumazah.

L’Assemblée Générale des Nations Unies au cours de sa session de mars 1959 avait adopté sur le Cameroun britannique une résolution qui recommandait à la Grande-Bretagne d’organiser sous la surveillance des Nations Unies, des plébiscites séparés dans la partie septentrionale et dans la partie méridionale du Cameroun britannique pour connaître le désir des populations sur leur avenir.

Un Premier plébiscite a lieu le 07 novembre 1959 au Cameroun septentrional selon les désirs de l’ONU pour savoir si cette partie du pays souhaite faire partie du Nigeria ou si son avenir doit être décidé ultérieurement. La majorité ne se prononça pas pour le rattachement au Nigeria.

Un autre plébiscite intéressant les deux parties du Cameroun a lieu le 11 février 1961. Le Cameroun septentrional se prononce pour le rattachement au Nigéria. Le 1er juin 1961, la partie septentrionale de notre pays est rattachée au Nigeria. Ce jour est considéré au Cameroun comme un jour de deuil national. Le Cameroun méridional se prononce quant à lui pour la réunification avec le République du Cameroun.

Le 09 juillet 1961 une conférence réunit à Foumban les délégués des deux parties du pays pour jeter les bases constitutionnelles de la forme de l’Etat. Après quarante ans de séparation, les deux Cameroun se réunissent et la République Fédérale du Cameroun est née le 1er octobre 1961.

3) DE LA REPUBLIQUE FEDERALE DU CAMEROUN A LA REPUBLIQUE UNIE DU CAMEROUN

La  réunification des deux parties du Cameroun séparées depuis 1919 est  proclamée le 1er octobre 1961. La République Fédérale du Cameroun est née de cette réunification. Elle comprend le territoire de la République du Cameroun désormais appelée Cameroun Oriental, et le territoire du Cameroun Méridional maintenant appelé Cameroun Occidental.

Le siège du gouvernement fédéral et l’Assemblée Nationale sont à Yaoundé. Les emblèmes nationaux sont :

  • la devise : Paix – Travail – Patrie
  • le drapeau : vert, rouge, jaune à trois bandes verticales d’égales dimensions frappées de deux étoiles d’or sur la bande verte. Chaque étoile représente chacun des Etats fédérés.
  • l’hymne national : O Cameroun berceau de nos ancêtres…

Les langues officielles de la République Fédérale du Cameroun sont le Français et l’Anglais.

Le pays est divisé en départements, arrondissements et districts groupés en six régions administratives : Nord, Ouest, Littoral, Centre-Sud, Est, Cameroun Occidental.

Le 06 mai 1972, son Excellence El Hadj Ahmadou Ahidjo, Président de la République Fédérale du Cameroun annonçait devant l’Assemblée Nationale  la décision d’organiser un référendum pour l’institution immédiate d’un Etat Unitaire et le 20 mai 1972, à une majorité écrasante, la République Unie du Cameroun est créée.

La République Unie du Cameroun sera transformée en 1985 en République du Cameroun par Monsieur Paul BIYA arrivé à la magistrature suprême le 06 novembre 1982.

 

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